Armando le Castor était le plus beau des castors de Genevensia. Son beau pelage et ses talents d’orateur en faisaient un castor très populaire. Son atout majeur, ses magnifiques dents, lui donnaient fière allure.
Mais Armando le castor souffrait d’un mal qui l’obligeait à ronger chaque arbre qui se trouvait sur son passage. Grand passionné par la diversification des habitats et la production de zones humides, il ne pouvait résister à son obsession…Toutes les essences, jeunes ou centenaires, subissaient le même sort : elles finissaient en bois à bâtir.
Maître d’oeuvre infatigable il ne se satisfaisait jamais de son habitation, il la remaniait constamment, rajoutant de nouvelles branches et rameaux. Paysagiste dans l’âme, il créait son propre paradis. Pour les autres animaux de la forêt c’était le désespoir : tout était envahi par des huttes, des barrages et des digues. Parfois, même, Armando surélevait d’anciennes huttes !
Perle la belle chevrette, qui gambadait dans les prés à la recherche de nouvelles herbes à tondre, lui demanda fort intriguée ce qu’il pensait faire de toutes ces huttes ?
- Créer La Grande Genevensia ! répondit Armando tout en se confectionnant un cure-dents avec le dernier arbre majeur qu’il venait de ronger. Le lait de Perle failli virer instantanément en yogourt.
- … Et tu pourras même diriger le centre de Genevensia! ajouta-t-il !
- Ohhhh ! Oui ! Oui ! s’écria Perle !... et elle répétait toute excitée : je vais diriger ! je vais diriger ! je vais diriger !
Soudainement interrompue par une des rares pensées qui traversait son esprit, elle lui lança un peu perplexe :
- Bêêê, comment ferons-nous pour survivre sans les arbres, castor ?
- J’ai mon idée belle chevrette, rétorqua Armando : Nous allons « RE- CREER la nature en ville ! ».
- Bêêê c’est quoi la nature en ville ?
- En réalité ça n’existe pas! Mais les autres ne le savent pas et on leur dira qu’à chaque arbre coupé on plantera une forêt !
…. 30 ans plus tard, après plusieurs années caniculaires, Genevensia dépérit sous la chaleur. Sans brin d’herbe à brouter ni forêts à ronger, Perle se réfugia à Annemessia pour trouver prairie. Armando quant à lui, à force de ronger du béton pour se limer ses belles dents, se les brisa.
Morale de cette histoire, pour sauver nos arbres mangeons du castor !!!
Tiré des fables de la Bourgogne
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